La e-cigarette est morte. Vive la e-cigarette.
Sur un air de déshabillez moi.
En juin 2011 l’AFSSAPS (l’Agence Française de Sécurité Sanitaire des Produits de la Santé), celle la même qui conseillait le Médiator, déconseillait la e-cigarette.
En effet les sachants-experts qui la composent se déclaraient inquiets par l’incertitude quant à la composition des liquides que la e-cigarette était supposée contenir. Depuis, l’AFSSAPS a été balckboulée et remplacée par l’ANSM (Agence Nationale de Sécurité du Médicament). Les nouveaux experts-sachants décidaient « qu’aucun type de cigarette électronique ne dispose d ‘une autorisation de mise sur la marché et les e-cigarettes ne peuvent être vendues en pharmacie car elles ne figurent pas sur la liste des produits dont la délivrance y est autorisée ». L’OMS elle même réitérait ses mises en garde. Certains pays obéissants et respectueux des autorités ont appliqué ces consignes à la lettre : l’Argentine, le Brésil, Israël, Singapour ont ainsi interdit la e-cigarette. D’autres comme les anglais moins dociles, et plus pragmatiques ont autorisé la e-cigarette et même la recommandent. Ils considèrent en effet que la e-cigarette délivre la nicotine et ne délivre pas les toxiques mortels une fois sur deux contenus dans la fumée de cigarette traditionnelle.
En France, quelques voix, dont la nôtre se sont fait entendre pour, sinon vanter, du moins reconnaître les bienfaits de la e-cigarette. Mais l’AFSSAPS, l’ANSM, les officiels savants décideurs disent clairement que la e-cigarette contient des quantités de nicotine plus ou moins importantes qui « pourraient conduire à des effets indésirables graves » ! Et personne ne parle de la cigarette des cigarettiers qui, de façon aussi certaine que scientifiquement établie, conduit le fumeur une fois sur deux non pas à des effets indésirables mais à une mort assurée.
Le consommateur, quant à lui, ne s’y est pas trompé. Ils sont plus d’un demi million de personnes à utiliser ce produit. Ils savent que la cigarette est mortelle une fois sur deux, veulent arrêter de fumer et sont prêts à tout essayer pour éviter l’addiction au tabac.
Devant ce raz de marée créé par les fabricants et les vendeurs de e-cigarettes, devant l ‘hésitation des experts officiels, les services publics ne pouvaient rester inactifs et décidaient d’écouter le chant à la mode des sirènes de l’évaluation.
Voici qu’enfin la ministre de la santé Marisol Touraine s’intéresse à cette e-cigarette et considère qu’il est nécessaire de procéder à une évaluation « bénéfice/risque de ce dispositif qui pose un certain nombre de questions ». C’est ainsi qu’elle demande « est ce que la e-cigarette est un produit de grande consommation ou est ce que c’est un dispositif médical ? »
Et les experts officiels de reprendre : il faut évaluer la e-cigarette.
Mais l’évaluation n’est qu’un dispositif de pouvoir. Elle accroît le besoin de reconnaissance. Souhaitons qu’il n’en sera pas de la cigarette comme de la partouze.
Dans son livre Évaluez moi, Bénédicte Vidaillet compare en effet l’évaluation à la partouze : « Toutes les positions y sont permises, les évaluateurs peuvent être très nombreux, les rôles d’évaluateur et d’évalué peuvent permuter, on peut être à la fois évalué et évaluateur, s’auto-évaluer etc… »
Devant les 500 000 adeptes de la e-cigarette, devant les nombreux sachants et experts spécialistes de la e-cigarette et pour la vérité absolue, la e-cigarette chante
« Évaluez moi, évaluez moi / Mais pas tout de suite, pas trop vite. Sachez me convoiter, me désirer… »