L’information et le crime
Tous les jours l’homme est confronté à sa vulnérabilité.
Que ce soit le 11 septembre 2001 sur le site du World Trade Center, que ce soit le 13 novembre 2015 sur le site du Bataclan, que ce soit le 12 juin 2016 à Orlando, nous sommes les témoins de ce que l’homme peut faire de pire.
Certains parlent d’assassinat de masse, d’autres de crimes contre l’humanité.
Face aux images hyper médiatisées de ces catastrophes, un frisson de compassion et de solidarité traverse la planète et nous émeut au plus profond de nous-mêmes.
Notre sympathie et notre responsabilité personnelle s’en trouvent engagées.
Dans les différents exemples cités, le nombre de morts est inscrit à la une des différents journaux télévisés et écrits. Il n’en est pas de même pour les morts tués par le tabagisme. Leur nombre est pourtant beaucoup plus important : chaque année 6 millions d’êtres humains tombent dans un nuage de fumée de cigarette et dans l’indifférence quasi-totale. Certes l’attaque conduite par les cigarettiers est moins spectaculaire mais beaucoup plus délétère car plus insidieuse, plus malfaisante et plus pernicieuse. Dans le cas du tabagisme le crime se déroule au sein d’une même civilisation et non entre des civilisations de croyances différentes mais le résultat est le même : un assassinat de masse. Que ce soit un pouvoir religieux ou industriel qui veuille imposer sa loi et ses règles au mépris de la vie humaine, le résultat final est la mort de l’homme-victime.
Dans tous les cas cependant ces hommes naissent « libres et égaux » (Déclaration des Droits de l’Homme). Mais il y en a qui sont « plus égaux que d’autres ». Pourtant : qu’il soit mort à Manhattan victime du fanatisme religieux, ou mort au Bataclan victime de quelques forcenés ou mort chez lui victime d’une puissance cigarettière : où se trouve la différence ? Dans l’âge ? dans la surprise face à la mort ? dans l’innocence ? Non : la différence est dans la couverture médiatique du crime commis. Les morts à Manhattan ont envahi les écrans de la planète entière, comme les morts du Bataclan ou ceux d’Orlando. Les morts du tabagisme sont cachés sous des étiquettes masquées (« mort des suites d’une longue maladie » etc…) ou tout simplement ignorés ! Jamais nous ne voyons : « un tel mort du tabagisme par cancer du poumon ».
Le score de ces différents assassinats de masse est toujours très différent. Lorsqu’on compare par exemple les 6000 morts de Manhattan aux 6 millions du tabagisme, la différence est considérable. Elle nous amène à redéfinir le partage entre le barbare et le civilisé et à ne pas nous laisser distraire par une explosion de barbarie qui tue pendant que le prétendu civilisé perpétue, avec la complaisance des pouvoirs publics, un crime quotidien sans pudeur ni retenue.
Nous avons la connaissance de la dangerosité mortelle du tabagisme, nous avons la pratique des sevrages et les techniques de prévention, nous venons de voir arriver ce nouvel outil de réduction des risques et des dommages qu’est la cigarette électronique.
Il manque à cette dernière une couverture médiatique honnête et un soutien des acteurs antitabac. L’information, sans arrières pensées entretenues voire corrompues par les puissants cigarettiers, devrait rendre compte de la réelle et sourde criminalité du tabagisme, comme elle rend compte de la criminalité à grand spectacle de certaines organisations. Cela va arriver…