M&M, Mohamed Merah, Mohamed… Marlboro
C’était à Montauban dans les faubourgs de Toulouse. Un jeune Mohamed est devenu tueur. Le délinquant, bien connu des services de police de l’Etat, abattait froidement trois hommes, trois militaires, trois paras.
Quelques jours plus tard, c’était à Toulouse, dans les faubourgs bourgeois de la ville rose, que le même Mohamed tuait de sang froid trois enfants et un adulte enseignant, tous 4 juifs.
Tous les jours, c’est en France, dans les faubourgs du monde, que des gens meurent tués toujours avec ce que certains appellent la complicité de l’Etat. Dans les deux premiers cas, l’arme du crime est connue : un revolver. Dans le troisième cas, l’arme du crime a longtemps été méconnue, aujourd’hui il est prouvé que la cigarette tue : 65 000 morts par an en France.
Quand c’est un tueur fou qui commet l’innommable, le résultat est sidérant, injuste et terrifiant. Quand c’est la cigarette qui tue, seuls les proches, parents et amis sont dans la peine. C’est ainsi que se perpétuent tous les jours les crimes liés au commerce du tabac.
Si pendant longtemps il a été admis que certains crimes n’étaient pas des crimes, force nous est de constater que les temps ont changé.
Tuer son prochain alors qu’on était au volant de sa voiture était un accident. Aujourd’hui c’est un homicide réparé comme tel. Violer était souvent minimisé, voire correctionnalisé. Aujourd’hui, c’est un crime jugé en assises. La conduite en état d’ivresse, longtemps banalisée, fait aujourd’hui l’objet d’une juste répression. D’une façon générale, les comportements déviants sont de plus en plus sévèrement réprimés et les criminels ont à rendre des comptes.
Le chef de l’Etat vient de le rappeler à propos des crimes commis par le jeune Mohamed « le tueur doit rendre des comptes ». Tout le monde a été et est d’accord sur ce point. Par contre, pour les crimes commis sous le couvert de la fumée du tabac, force nous est de constater que les réactions sont partagées.
Les crimes de Mohamed Merah soulèvent l’indignation et suscitent la soif de justice. Les morts dus à la cigarette laissent sinon indifférents du moins passifs. On s’est habitué en France à voir mourir chaque heure 7 personnes à cause du tabac. Un tiers de la population en France a pris l’habitude d’aller chez le débitant de tabac ou le dealer du coin chercher son paquet qui à long terme va le détruire. L’Etat prend à chaque fois 80% de taxes sur ce paquet. Plus il en vend, plus il gagne. Plus le cigarettier vend de paquets plus le débitant est content, plus l’Etat se réjouit. Ils sont en effet trois associés : cigarettiers, débitants et Etat. Tous les trois gèrent ce commerce, mortel une fois sur deux.
Personne ne s’indigne de l’impunité du crime ainsi commis. Le père de famille tué par Mohamed Merah est pourtant identique à la mère de famille tuée par le cancer du poumon. Les armes du crime sont différentes : une balle brutale dans le premier cas, des volutes toxiques dans le second cas. Mais dans les deux cas, il y a des cadavres. La seule différence c’est que dans le premier cas l’Etat a essayé de faire « rendre des comptes » au tueur, dans le deuxième cas il fait les comptes : 12 milliards de bénéfices immédiats pour 2011.
Quand Madame Pécresse, la ministre du budget, affirme que « le gouvernement a augmenté les prix de 30% dans le cadre de sa politique de santé publique », elle dit une affirmation complètement fausse ! Entre juillet 2004 et octobre 2011, l’augmentation du prix des cigarettes a été de 24%. Le prix de référence des cigarettes était de 5€ en juillet 2004 et le gouvernement Fillon l’a fait passer à 5,30€ en juillet 2007. Cette augmentation de 6% était sur une période de 3 ans. En novembre 2009, ce prix est passé à 5,60€, soit une augmentation de 2,57% par an. En novembre 2010, le prix passe à 5,90€, soit une augmentation de 5,36% par an. En octobre 2011, le prix passe à 6,20€ soit une augmentation de 5,54% par an.
Nous sommes donc très loin des 30% annoncés par Madame la ministre et ces augmentations n’ont eu aucun effet sur la santé publique puisque la consommation de tabac n’a pas diminué comme à Tabac et Liberté nous l’avions prévu. Il est en effet scientifiquement établi que si l’augmentation de prix n’est pas d’au moins 10%, elle est inefficace sur le volume de la consommation. Le gouvernement a pu le vérifier : chaque fois qu’il a procédé à des mini-augmentations, il a entretenu la consommation du tabac. Il est donc le complice de la criminalité liée au tabac.
Un jour, lui aussi rendra des comptes.