On ne savait pas
Ou plutôt on ne voulait pas savoir. Pendant longtemps on a discuté sur les liens entre tabagisme et cancer. Au départ on les a ignorés, puis niés, puis discutés. Aujourd’hui les discussions byzantines ont cédé le pas à une évidence : le tabagisme est de loin le principal facteur de risque de cancers. Par exemple, 80 à 90% des tumeurs malignes au niveau des bronches sont attribuables au tabac. Déjà au XVIIIe siècle, les diafoirus de l’époque pensaient que le tabagisme pouvait favoriser les cancers de la bouche et des voies nasales. Il faut attendre le XIXe siècle pour que des médecins allemands signalent que les travailleurs du secteur du tabac avaient peut-être davantage de risques de tumeurs du poumon. Au XXe siècle, juste après la guerre de 40, la cigarette devenue à la mode, les cancers du poumon se mettent à se multiplier. Mais cela n’inquiète personne.
Alors les scientifiques entrent en jeu et organisent leurs fameuses enquêtes épidémiologiques avec leurs inévitables cas-témoins, odd-ratio etc., etc…. Parallèlement, les cigarettiers publient et font publier par d’autres pseudo-savants plus ou moins corrompus que la fume fait du bien.
Il faut attendre 1951 pour qu’un médecin anglais, le Dr Richard DOLL étudie une population choisie de 40 000 docteurs anglais et confirme ce qui était une évidence : les fumeurs sont les victimes excessives de cancer du poumon.
50 ans plus tard, le même DOLL qui n’a cessé de suivre sa cohorte publie, preuves à l’appui : « les fumeurs vivent 10 ans de moins que les non fumeurs ».
Depuis l’origine du tabagisme, les pourvoyeurs de cigarettes ont tout fait pour masquer les dangers du tabagisme. Ils ont séduit et séduisent encore et toujours les jeunes en leur montrant une cigarette séduisante. Ils réussissent à donner à certains le statut de fumeurs à la vie à la mort. Il leur a été facile, dans le même temps, d’occulter une évidence : un cancérigène par définition engendre le cancer.
La cigarette, de par sa combustion et naturellement, libère des cancérigènes. Il était évident et il est toujours évident qu’un cancérigène qui pénètre dans un organisme engendre chez ce dernier un cancer. Deux conditions favorisent le processus de cancérisation : la concentration du cancérigène et la nature du tissu qu’il atteint.
Il est non moins évident que plus le cancérigène est concentré, plus il agit. C’est donc tout naturellement que lors du tabagisme les cancers de la bouche et des voies pulmonaires sont en première ligne. Puis le cancérigène se répand dans l’organisme et frappera donc au niveau du colon, du pancréas, du sein, etc…. (tout cela est aujourd’hui prouvé). En dernier lieu le cancérigène sera éliminé en partie par les reins. On le retrouvera donc avec une concentration plus élevée dans la vessie où il aura le temps d’agir car il y stagnera le temps qui sépare deux mictions.
Concernant le tissu qu’il atteint, force nous est de constater qu’il y a de vieux fumeurs qui n’ont pas développé de cancer et qui n’en développeront pas. De la même façon que certains en contact avec le SIDA ne développeront pas le SIDA. C’est là toute la merveille de l’individu dans son originalité et sa prédisposition génétique. Aujourd’hui, nos chercheurs ont remarqué des spécificités sur les gènes qui font que demain on pourra vraisemblablement dire si un individu a des chances de devenir fumeur comme on pourra prédire si un fumeur a des chances de faire un cancer du poumon ou de ne pas en faire !
Enfin, on saura pourquoi parmi ceux qui ont fumé certains ne sont pas devenus fumeurs, pourquoi parmi ceux qui ont approché la drogue (alcool, tabac, H, cocaïne, etc….) certains sont devenus toxicos alors que certains sont sortis indemnes des chemins malsains de l’addiction.
A ce moment-là, nous pourrons faire de la véritable prévention ciblée.
En attendant, maintenant que nous savons, faisons de la prévention active. Indignons-nous de voir qu’entre 2000 et 2010 la population de femmes atteintes d’un cancer du poumon est passée de 16 à 24% : 50% d’augmentation ! Ces chiffres peuvent être inversés : renversons-les. C’est ainsi qu’on sauve des vies.